2020

dans les toiles de Solenn Marrel 
il y a l’odeur du maquis corse 
– lentisques chênes et cistes 
des ruisseaux qui dévalent
des montagnes qui s’ouvrent
des chemins de traverse et d’autres au creux des arbres 
des pierres fatiguées qui ont beaucoup roulé et des prairies très douces
des feuilles de figuier bleues qui vous attrapent au cœur 
des jungles improbables
des anges égarés qui n’en sont pas vraiment – et le ciel est si loin 
des souvenirs perdus ou bien même inventés 
des enfants trop songeurs 
des femmes extasiées 
et des bergers mythiques qui sont eux-mêmes surpris de venir de si loin

il y a 
la main agile
la main habile
et le pinceau qui court loin devant les pensées

et tout vole
et tout flotte
et dit un peu de notre grand mystère

Catherine Perrel – mars 2020
2019 - Exposition Les Égarés - Galerie Génie de la Bastille, Paris

Le travail de Solenn Marrel porte sur la relation entre la nature et l’homme, auxquels elle donne une importance comparable dans ses toiles. Certains de ses personnages apparaîssent en harmonie avec le paysage qui les entoure. Ils sont en résonance avec la nature. D’autres au contraire semblent en dissonance, en déséquilibre, occupant des postures inattendues.
2018 - Légendes

Pour nos sociétés développées la nature est un décor, un spectacle. On y passe sans jamais y rester. Pour quelques-uns, montagnards, bergers, paysans, forestiers, la nature demeure un véritable lieu de vie. Lors d’une randonnée, au détour d’un chemin inexistant, on peut les voir apparaître, semblant émerger de nulle part. Ils sont un élément de la nature. Ils en adoptent le rythme et, en leur présence, le temps semble suspendu. Ces êtres en deviennent irréels. Ils font partie du décor et sont tels des personnages fantastiques. Ce sont mes légendes vivantes.
Solenn Marrel




In our developed societies, nature is a setting, a spectacle. We cross it without ever stopping. For a few persons - mountaineers, shepherds, farmers and woodlanders - nature remains a true living place. During a walk, as we pass by an imaginary path, we can watch them appear, as if looming from nowhere. They are part of nature. They take its rhythm and their presence suspends time. These beings become unreal. They belong to the setting, they turn into supernatural characters. They are my living legends.
Traduction Laurence Chamlou
2017 - Exposition Immersion, Espace Sorano, Vincennes

Mes plus chers et lointains souvenirs sont faits de paysages. J'ai grandi en Corse, à la campagne, entre mer et montagne. Je passais l'essentiel de mon temps à l'extérieur. Chaque fois que j'y retourne, je fais des croquis et je prends des photos des lieux de mon enfance, arbres, plantes, montagnes, routes… Quand je ne suis pas sur place je collecte des photos issues de magazines ou d'internet.
Ma démarche artistique commence par l'appropriation de l'image d'un fragment de nature, au travers de dessins, de gouaches ou de monotypes. Puis, pour certaines de ces images, je réalise des formats plus grands à l'huile et/ou à l'acrylique. C'est une manière de capturer des instants qui m'évoquent des morceaux de vie passée.
Le feu constitue pour moi un thème particulier. Les feux de forêt ont accompagné mon enfance. Ils ont toujours été un spectacle à la fois terrifiant et fascinant. On les apercevait au loin, on vérifiait le sens du vent, on surveillait l'avancée du feu… Un été, ma maison a failli brûler. Le paysage familier s'efface et les jours suivants sont emplis de sensations que je n'oublierai jamais. Le calme, le silence, le vide, les odeurs… On aperçoit les petits chemins que les animaux ont faits jusqu'à leurs terriers, les chênes et les arbousiers désormais squelettiques, les maisons et les voitures calcinées. Quelques semaines après, la nature renaît. C'est un cycle impressionnant. Le sol se couvre d'abord de petites pousses, d'un tapis vert, puis les arbustes repartent. Les grands arbres mettent davantage de temps, mais au bout d'un moment ils redeviennent verdoyants.
C'est une immersion dans une nature en mouvement, qui naît, grandit et renaît de ses destructions.



My dearest and furthest memories are made of landscapes. I grew up in Corsica, in the countryside, between sea and mountain. I spent most of my time outdoors. Each time I go back there, I paint sketches, I take pictures of places of my childhood, of trees, plants, mountains, roads... When I am not on the spot, I collect pictures in magazines or on the internet.
My artistic approach begins with the appropriation of the picture of a fragment of nature, through drawings, gouaches and monotypes. Then, for some of these pictures, I make larger dimensions, with oil or/and acrylic. It is a way to capture instants which evoke fragments of my past life.
Fire is a special theme for me. Fires in the forest have been part of my childhood. They have always been both terrifying and fascinating sceneries. We could see them in the distance, we used to check the direction of the wind, and watch the progression of the fire... One summer, my house almost burnt. The everyday landscape progressively disappears and the following days are filled with sensations that I will never forget. Calmness, silence, emptiness, odours... We can see the little paths the animals have made to reach their burrows, the oaks, the skeleton like arbutuses, the charred houses and cars. A few weeks later, nature awakes again. It is an impressive cycle. First, the ground is covered with little shoots, with a green carpet and then the bushes grow again. It takes longer for tall trees, but after a while, they are green again.
It is an immersion in a moving nature that is born, that grows and that is born again stemming from its own destructions.
Traduction Laurence Chamlou

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